À l’époque où tous les
animaux étaient encore des êtres humains, il était une fois un
petit lièvre qui pleurait la mort de sa mère.
La lune descendit le
consoler : « Ne t’inquiète pas, ta mère reviendra. Vois,
moi-même, j’apparais, je disparais, on me croit morte mais je
réapparais toujours. Il en ira de même pour ta mère. »
Le petit lièvre ne la crut
pas. Il alla même jusqu’à se battre avec la lune pour qu’elle
le laisse pleurer en paix. Il la griffa si fort qu’elle en porte
encore la trace. Alors la lune se fâcha et lui fendit la lèvre :
Puisqu’il en est ainsi et que le lièvre ne me croit pas, il ne
renaîtra pas comme moi la lune, mais il demeurera mort. »
Quant au lièvre qui, en
fait, était un être humain, elle le transforma en un animal apeuré
tout juste bon à être chassé. Mais l’on ne doit pas manger une
zone précise du lièvre car ce morceau rappelle que celui-ci fût
autrefois une personne humaine.
Conte malgache.
Au commencement, Dieu avait créé et mis sur terre un seul homme et une seule femme. Un jour, il les interrogea et leur dit :
- « Que préférez-vous, la mort de la lune ou la mort du bananier ? »
- « Seigneur, dirent-ils, nous ne comprenons pas ».
- « Voulez-vous être comme la lune qui reste invisible tous les mois pendant quelques jours, mais qui reparait ensuite, ou préférez-vous être comme un bananier qui meurt après avoir donné ses fruits ? »
- « Seigneur, expliquez-nous ce que cela signifie, car nous ne comprenons pas encore ! »
- « Eh bien, voici : la lune continue toujours à exister par elle-même, bien qu’elle semble mourir tous les mois, puis ressusciter au bout de quelques jours, tandis que le bananier meurt tout à fait ; mais avant de mourir il donne naissance à plusieurs rejetons qui lui succèdent. Choisissez ce que vous préférez, car il faut que vous vous décidiez pour une chose ou pour une autre ».
Ils réfléchirent un peu puis ils dirent :
- « Koezy Zanahary [17], nous préférons mourir comme le bananier qui laisse après lui des successeurs ».
C’est lors, dit-on, que les hommes meurent et qu’ils laissent des enfants pour les remplacer [18].
Extrait
de la thèse La Mort cette inconnue,
par Francis RAZORBAK.
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