2 h 13 du matin à ma
montre-bracelet. J’ai tout dit.
Ah
non ! Je consulte mes notes et constate que j’ai oublié d’indiquer
comment on
trace un cercle et son axe sans lever son stylo.
Il suffit de plier un coin de la
feuille de papier. Marquez un gros point sur le bord, à cheval sur
le côté pile et le côté face. Partez de ce point pour tracer un
demi-cercle sur le bord rabattu. Quand vous arrivez à la limite du
bord du papier, stop. Il n’y a plus qu’à déplier le papier pour
achever, sans lever le crayon, le cercle autour du point servant
d’axe. Face a aidé pile.
Vous aurez ainsi usé d’une
incursion dans une autre dimension pour mieux réaliser quelque chose
d’apparemment impossible.
« Utiliser
une autre dimension… »
Raoul
avait raison, pour résoudre certains problèmes il faut admettre que
l’on peut rentrer dans un autre type d’espace où l’on a tous
les droits. Cela va bien au-delà de toutes les mystiques. Ce n’est
juste que s’élargir l’esprit. S’amuser à s’élargir
l’esprit. Comme disait Maxime Villain, le seul objectif des
écrivains doit être là : « Faire rêver plus loin. » Faire rêver
de l’autre côté de la feuille. Faire rêver de l’autre côté
de la mort. Tout est possible dans l’écriture, pourquoi ne pas en
profiter ?
Parfois,
juste en écrivant ou en lisant, je pénètre vraiment dans d’autres
dimensions.
Je crois
qu’il en va de même avec les destinées. Pour qu’elles soient
complètes, il faut qu’elles commencent dans un univers et
s’achèvent dans un autre.
Si je me
reposais maintenant mes questions familières : « d’où viens-je ?
», « qui suis-je ? », « où vais-je ? », je crois que je
pourrais essayer d’y répondre.
Je
sais que je suis un être humain, vivant ici et maintenant. Pourquoi
? Pour
participer à
la découverte de la thanatonautique. Je sais que la pensée humaine
peut tout : voler et traverser la matière à la vitesse de
l’imagination, s’emmagasiner dans des livres, tout fabriquer,
tout modifier, tout tuer. Je sais que le temps, l’espace, le
savoir, la beauté, tout est à l’intérieur. Tout est au centre. À
l’extérieur, il n’y a que des reflets.
Je sais que
je ne suis qu’un cadavre en sursis.
Je me relis,
j’ai tout dit. J’ai tout écrit, je peux tout oublier.
Merci aux
anges de m’avoir donné le temps de raconter l’histoire de la
conquête du Continent Ultime. Mais dois-je la publier ? Cet apport
sera-t-il un Bien ou un Mal pour l’humanité ?
Pile, je
publie. Face, je ne publie pas. Perpétuelle réflexion sur l’envers
et l’endroit. Je lance. La pièce roule sous un fauteuil. À quatre
pattes, je regarde. Pile.
Une dernière
phrase encore pour mon livre : « Jusqu’au dernier instant, j’ai
craint qu’ils ne m’empêchent d’écrire cet ouv…»
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