«
– « Le
monde des livres est le plus grand de tous les mondes que l’homme
n’a pas reçus de la nature mais tirés de son propre esprit »,
disait un écrivain nommé Hermann Hesse. Et j’ajouterais : le
monde des livres nourrit le monde des rêves qui est encore plus
vaste.
Jacques lut donc
Alice au pays des merveilles et rêva de décors similaires.
Après l’œuvre
littéraire de Lewis Carroll (La Chasse au Snark, Jabberwocky,
De l’autre côté du miroir), il découvrit celle de
Rabelais qui lui inspira des songes de goinfres géants (Pantagruel,
Gargantua), puis celles de Jonathan Swift (Les Voyages de Gulliver) et d’Edgar Poe (Histoires extraordinaires,
traduit par Baudelaire) qui apportèrent à ses décors habituels
corbeaux, cimetières, châteaux et fantômes, de Jules Verne (L’Île mystérieuse, Voyage au centre de la Terre, 20 000 lieues sous les mers), d’Isaac Asimov (Fondation, Les Robots), de Philip K. Dick (Ubik, Le Maître du Haut Château). Il lut aussi les poètes : Victor Hugo,
Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Boris Vian, Prévert, Georges Perec.
Après les romans et
les poésies, sa mère lui conseilla de se faire une culture
picturale pour nourrir les décors de ses rêves : Jérôme Bosch, Francisco de Goya, Rembrandt, Peter Paul Rubens, Jan Vermeer,
William Turner, John Martin, Salvador Dalí, René Magritte.
– Romans,
poésie, peinture et musique sont les meilleurs ingrédients pour que
tu te fasses ta propre cuisine onirique, lui expliqua sa mère. Ce
sont des produits « frais ». En revanche, ne regarde pas
la télévision. Ça, c’est le fast-food qui donne des rêves
« prémâchés » aux goûts artificiellement saturés et
qui ne font pas travailler ta créativité naturelle ni ton sens
esthétique, seulement tes émotions basiques. Que cela soit un
principe global : dans tes rêves, crée tes propres films, ne
reproduis pas ceux des autres. »
Extrait du Sixième
Sommeil, 2015, Bernard Werber, ed Albin Michel.
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